Non classé

Ainsi parlait JJ par Marc Wetzel

Avec ce petit livre, on entre dans l’âme de Joyce, comme on entre, par ailleurs, dans son œuvre : avec peur et fascination (envers ce pur dépasseur de condition humaine), embarras et admiration (un Mallarmé célinien), jubilation et dégoût (comme on rirait très fort et vomirait très fort devant un cocuage incestueux). Mathieu Jung a privilégié, avec raison, le créateur de chair, le génie version confidences, le roi de l’autocritique préventive – tel qu’il s’explique (souvent en français) devant divers témoins, dont la transcription se (et nous) régale. Joyce est tout à fait là, arrogant, brouillon, soupçonneux, caméléonesque, ivrogne (avec des excuses à la Deleuze : il faut bien pouvoir supporter ce qu’on doit et fait comprendre…) impudique, et aussi merveilleusement patient, ingénieux, endurant, drôle et virtuose. On l’entend déclarer, benoîtement, “Ce que j’exige de mon lecteur, c’est qu’il consacre sa vie entière à lire mes ouvrages” (fr.194), et notre immédiate culpabilité d’à l’inverse nous en tenir ici à des morceaux choisis sourit d’elle-même. L’inventeur du “monologue intérieur” aurait clairement apprécié la ré-extériorisation (à la fois familière et grave) qu’en propose ce formidable et vaillant petit livre ! [à lire en entier sur Poesibao]

Laisser un commentaire