- Jean-Paul Klée. Ici & maintenant, 250 p., éditions des Vanneaux, coll. « présence de la poésie », juin 2018 [bnf].
« … Jean-Paul Klée impressionne. Intimide. Le miracle est qu’il ait trouvé en Mathieu Jung un biographe et commentateur à sa hauteur, amical et bien informé, capable d’analyser l’œuvre avec bienveillance, tout en conservant une distance critique, amusée — exaspérée parfois — devant les faits et gestes, ‘‘symptomatiques ratages’’ et ‘‘foirades pathétiques’’ y compris, du doux escogriffe aux emportements donquichottesques, de conter dans une langue évocatrice, imagée, charnue, qui prend garde cependant et à juste titre, de n’imiter en rien celle du poète. » (extrait du compte rendu de l’ouvrage par Claude Vercey sur le site de la revue Décharge : Mesure de la démesure. Repris dans la version papier de Décharge (n° 181, mars 2019, pp. 14-15)).
« Il était une fois un garçon roux encombré d’un corps bien trop grand pour la douceur qui l’habitait. Un beau jour d’été, dans un château dont l’immensité était à la mesure de l’infini qui s’impatientait en lui, il est entré en amour de la poésie. Depuis, il il n’a plus vraiment »touché terre », à rebours de l’albatros de Baudelaire, comme le rappelle Mathieu Jung dans le scintillant essai qu’il consacre à JPK. Comment aurait-il pu replier ses ailes dans le vent mauvais qui porte l’histoire des hommes? » (Michel Loetscher, « Jean-Paul Klée, la marche « à l’éperdüe »», article paru dans L’Ami hebdo du 30 décembre 2018).
« Il faut lire Jean-Paul Klée. Et le lire, avec de la chance, à travers le texte critique que vient de faire paraître sur l’ensemble de son œuvre Mathieu Jung. Il faut les lire, le poète et son exégète, parce qu’il en va, en ces temps essoufflés, d’une immense respiration lyrique. Jusqu’à quand laissera-t-on la meilleure part de l’audience poétique aux grandes voix officielles ? À ces voix parlantes, savantes, polies, policées, qui, tout compte fait, sont là, parfois, pour dire peu de chose. Jean-Paul Klée – c’est là le propos de son exceptionnel commentateur – est aujourd’hui l’homme dont a besoin la poésie pour peu qu’on attende d’elle quelque chose comme une force qui secoue, mais qui secoue pour de vrai. « Klée a cette croyance, la conviction inouïe que la parole restera, alors même qu’il ne restera rien. » (p. 229) On le croit : de L’Eté l’éternité (1970) à Décembre difficile (2017) l’œuvre se propage à la manière, sismique, et ininterrompue, d’un tremblement de terre.
De la terre alsacienne, d’abord, bien sûr, cette terre alsacienne dans laquelle, après Vigée et Dadelsen, sont si profondément enracinés Jean-Paul Klée et Mathieu Jung. L’Alsace, cette province décidément si à part, qui ne peut décidément rien faire et même pas parler comme les autres, le poète la chante comme personne, avec amour, avec rage, on y rencontre Strasbourg, le Rhin, Saverne, Obernai, mais aussi le camp du Struthof, le Christ de Wissembourg pas loin de la centrale de Fessenheim, parce qu’il n’y a jamais loin de l’idylle à l’abjection et que cela vous fabrique une langue autant que cela vous la déglingue. »
Pascal Dethurens (revue Place de la Sorbonne n° 9, mai 2019).
Des extraits de J.-P. K. sont disponibles sur le site poezibao.