Quelque chose de spécial et complexe résulte : aux convergences des autres arts située, issue d’eux et les gouvernant, la Fiction ou Poésie. (Mallarmé)
SOGOL SUR LA PLAINE (extraits)
Nuit close sur le Volkan qui crache ses entrailles, qui sont celles du monde. Le ciel est rouge. Bientôt la tempête va mugir sur l’Île.
Une lumière vacille sur le chemin, la lanterne de Sogol.
Sogol descend de la Montagne. Tout le jour, Sogol a marché le long des laves, sur les flancs de la Fournaise.
Sogol marche dans la forêt. Il parle aux fougères et aux oiseaux, s’entretient avec les esprits du fénoir, heurte le sol de son bâton d’ermite.
Sogol est au village. Il entre dans l’auberge et salue le Rwa Kaf. Il n’exige qu’un simple verre d’eau, avant de continuer sa longue marche par la plaine éternelle.
« Sogol sur la Plaine (extraits) », contribution à la revue Lettres de Lémurie n°1 (Grand-prix du Livre Insulaire, Ouessant, 2018), Sophie Bazin, Joahry Ravaloson éd., éditions Dodo Vole, Le Tampon (La Réunion), avril 2018, pp. 128-137.
« Sogol sur la Plaine (extraits, 2) », contribution à la revue Lettres de Lémurie n° 2, Sophie Bazin, Joahry Ravaloson éd., éditions Dodo Vole, Le Tampon (La Réunion), mai 2019, pp. 142-149.
« Sogol sur la Plaine (extraits, 3) », contribution à la revue Lettres de Lémurie n° 3, Sophie Bazin, Joahry Ravaloson éd., éditions Dodo Vole, Le Tampon (La Réunion), juin 2020, pp. 184-191.
« Sogol sur la Plaine (extraits, 4) », contribution à la revue Lettres de Lémurie n° 3, Sophie Bazin, Joahry Ravaloson éd., éditions Dodo Vole, Le Tampon (La Réunion), juin 2021, pp. 172-178.

Sogol marche à grands pas de rêve en direction du Morne, dans la forêt. Le soleil se lève lentement sur la plaine où broutent les bœufs et s’étirent les idées fixes. Les fougères ancestrales frémissent au petit jour. De la brume recouvre le paysage lunaire au pied du Volkan. Sogol heurte son grand bâton sur les rochers, trace dans les airs des signes étranges, chasse les derniers bébêtes du fénoir. Une chouette prend son envol, disparaît au plus profond des bois tandis que des papangues pieds-jaunes tournent au-dessus du cratère.
Sogol a entrepris une marche éperdue vers le dernier horizon. Sogol, notre aîné dans les choses de la Montagne et de la Mer. Parlant tout seul, murmurant pour lui les formules d’une sagesse limpide autant qu’impossible, auxquelles répondent quelquefois les cailloux qui roulent sur le chemin, les étoiles du ciel ainsi que les fougères, il effectue un trajet infini sur cette île, à l’issue duquel le cercle en viendra à se confondre avec la ligne droite.
Poésie
114 j’aime Jude Stéfan qui ne seront finalement que 27 environ
Publication dans La Revue* (Julien Nègre éditeur) d’une version remaniée d’un texte initialement paru sur Poezibao. [voir ici]

J’aime les fleurs chez Jude Stéfan, car elles ne sont pas seulement de rhétorique.
J’aime les oiseaux chez Jude Stéfan, tsi-tsi-u u u u fait la mésange.
J’aime à m’user les prunelles sur les vers de Jude Stéfan, autant d’images brisées, et pourtant très nettes.
J’aime le cahin-caha du désespoir chez Jude Stéfan, il me fait penser à un cabri en flanc de falaise.
Microédition
Le Sucrier, illustrations d’Alexandre van Buuren, Editions de la Pénurie, Strasbourg, 2010.
Tentative d’épuisement d’un lieu perecquien, avec Valérie Derinck, interventions graphiques de Didier Guth, Lieux-dits, Strasbourg, 2009.