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Ébauche de l’évidence (un mot pour Albarracin)

évidence

« Le serpent du paradoxe mord la queue de l’évidence. » Cet aphorisme de Résolutions a été mis bien en évidence, sur la quatrième de couverture du volume Résolutions. Il faut méditer le serpent de l’évidence.

« La poésie dit l’évidence. Mais l’évidence est toujours à recommencer, c’est même par là qu’elle s’évide, qu’elle s’affûte et se plante. La simplicité absolue nous enjoint aussitôt d’en rendre compte. » (De l’Image). Albarracin découvre l’évidence : il la dévoile, il la désocculte. Il met son vide à nu. Ce faisant, il fait jouer les paradoxes du manifeste et du caché. L’évidence est une chose manifestement cachée. Elle obvie à son obvie.

Albarracin ne se contente pas de chercher l’évidence. Il la cultive en faisant sillonner ses poèmes sur des sentiers dont la simplicité n’est qu’apparente. Face à l’évidence, on détourne le regard, on regarde bêtement ailleurs.

L’aveuglante facilité de l’évidence tendrait à barrer la route, obligeant à bifurquer pour s’engager sur des pistes plus manifestement cachées ou secrètes. Or, l’évidence est le lieu secret — secret difficilement praticable, secret pour personne et pour le plus grand nombre — par où s’ouvre le poème.  

Car le chemin
le plus escarpé
sinue au fond
de l’évidence
  (Le Ruisseau, l’éclair)

La définition de ce terme — évidence — manque il est vrai d’évidence. Il est bon que la définition de l’arbre cache l’évidence de la forêt, et s’arrête ici.

voir : aphorisme, occulte, paradoxe

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