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Brian Wilson, God Only Knows

pour Fred
pour Micka

Brian Wilson était de ces créateurs qui savent être à la fois intensément au cœur des choses et superbement à côté de la plaque. Cette double situation sans doute intenable pour lui fit de lui ce qu’on appelle communément un génie. On dit de Brian qu’il était la tête pensante des Beach Boys, mais il en était aussi bien le nécessaire esprit délirant, le daemon un peu ombrageux. Ce n’en était pas moins une folie solaire qui irradiait de lui, baignée de LSD.

Très consciemment, il composa Pet Sounds, dont il voulait faire le meilleur album de rock de tous les temps. Peut-être y est-il arrivé. C’est en tout cas dans cet opus que l’on trouve l’incroyable « God Only Knows », le morceau doux-amer qui tient bien la comparaison avec les plus belles chansons des Beatles. Pet Sounds ? Rubber Soul ? Ne me demandez pas de choisir.

Il suffit d’écouter l’impeccable pop de « Good Vibrations », l’introduction en particulier, pour saisir à quel point la musique des Beach Boys va trafiquer dans l’inconnu.

I-I love the colorful clothes she wears
And the way the sunlight plays upon her hair
I hear the sound of a gentle word
On the wind that lifts her perfume through the air

Ce morceau archi-célèbre, « une symphonie de poche » selon Brian, n’a pas fini de nous hanter. La manière habile et savante dont ses différents mouvements sont imbriqués fait filer le temps perpendiculairement, selon un axe autre. C’est de l’éternité en barre. Et puis, on y entend du thérémine, ce qui contribue à en faire un morceau éminemment perché.

« Good Vibrations » viendra rejoindre Smile, album infini (pas fini). Ce disque en friche reste un horizon absolu, peut-être même que cette œuvre ouverte se déploie là encore dans un temps et dans un espace autres. Un peu au-delà des Beach Boys. C’est dans ces pistes inachevables, qui nous dépassent il faut bien le dire, que l’on rencontre le plus incontestablement l’esprit de Brian.

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