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Ricaner des prouesses du singe savant

Henri Michaux Peinture à l’encre de Chine sur papier, 1977 27 × 35 cm © Galerie Berthet — Aittouarès

Se ruer sur l’œuvre de Michaux dans un indescriptible état d’exaltation, sans trop savoir si l’on y va comme vers une armoire à pharmacie, un pistolet chargé à blanc (ça peut faire tout de même au plan cosmétique quelques dégâts irréversibles en pleine poire à bout portant) ou vers un mur de liège où des sensations immenses et informes, informes en cela qu’immenses, seraient présumément épinglées à la manière de papillons des Tropiques — un savant mélange des trois. Demander là-dessus à la première IA qui se présente ce qu’elle pense d’Henri Michaux en parégorique subéquatorial. Ricaner bien sûr des prouesses du singe savant, tout en s’inquiétant de ce que la machine parvient à extirper de ce terme un peu rare de « parégorique » qui m’est venu comme ça (je l’ai attrapé, ce mot, je m’en souviens comme si c’était hier, chez Thomas de Quincey que je lisais alors comme il se doit en anglais, la traduction du très vénéré Pierre Leyris n’étant pas terrible, c’était un mois de juillet à Paris, mes jambes pendaient dans le vide quelque part non loin du kilomètre zéro, le soleil était agréable). C’est d’autant plus inquiétant que, personnellement, je n’ai jamais bien su faire la différence entre les productions d’auteurs aussi sidérants que Cécile Coulon ou Sylvain Tesson et du texte généré par de l’intelligence artificielle. Je ne suis pas persuadé que l’on saisisse bien l’ironie de mon propos, mais il y a bien là une forme d’ironie, que voulez-vous on se détend les méninges comme on peut. Rire de ce singe savant, c’est rire lors d’un enterrement qui serait un peu le nôtre. C’est rire alors qu’on est déjà, dans une certaine mesure, mort et enterré.

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