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Le matin, le soir et la nuit

Le Matin est une série de poèmes datée de 1982, inclue dans Possibles futurs de Guillevic. Dans le même recueil, on peut lire une aute séquence de poèmes, de longueur sensiblement égale, Le Soir (1988). Je ne saurais dire si ces ensembles sont conçus pour se répondre. Il se trouve que certains poèmes du soir évoquent le jour, comme s’ils étaient déjà du matin :

Le soir parierait
Que c’est lui

Qui engrosse la nuit
De l’aurore à venir

C’est au fond que Guillevic est un poète du matin. Son poème est celui du matin des choses. J’aime cette inchoation.

Une parole adamique nous parle des matins du monde, même lorsque c’est le soir. Guillevic me semble faire signe à saint Bonaventure. On assiste en effet à une cognitio matutina, à un début d’appréhension de la chose ou du phénomène. Y compris dans les poèmes du soir.

Inversement, il est des poètes chez qui le matin ni le jour ne se détachent de la nuit. Il est d’ailleurs assez commun que la nuit déborde. La chose ou le phénomène trempent alors irrémédiablement dans l’opaque, sans que leur appréhension — tout au contraire — en soit plus pleine.

Peut-être que le lait noir de l’aube de Paul Celan trouble jusqu’à la nuit.

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