
Démantelant la typographie pour mieux dilacérer l’ordre bourgeois, e.e. cummings (Edward Estlin Cummings, qui détestait les majuscules) propose une poésie qu’on n’a pas fini de découvrir, notamment en France, où on la connaît finalement assez mal, en dépit de nombreuses traductions. Mario Maurin, un de ses premiers traducteurs en français, notait dans Les Lettres Nouvelles : « les férules universitaires s’abattent sèchement sur ses doigts sans jamais l’atteindre ». C’était en septembre 1959. Sans doute ne comprend-on pas cummings aujourd’hui davantage qu’alors. Ses vues sur le monde n’ont pourtant guère perdu en actualité. Ou alors sont-elles, finalement, profondément inactuelles, intempestives ? William Carlos Williams voyait en tout cas en ce poète du bas de casse « la vivante incarnation du besoin de vérifier nos convictions, en passant au travers de leur costume jusqu’à la chair vivante de la matière ». La poésie de cummings travaille en effet au plus proche de la chair. Ses poèmes et ses dessins érotiques en témoignent superbement (Érotiques, Jacques Demarcq trad., Seghers, 2022). [à lire en entier sur Poesibao]