
« Hapax » est un drôle de mot. Il appartient au domaine de la langue — hapax legomenon. Un hapax désigne un mot ou une expression qui n’apparaît qu’une seule fois dans un texte, dans un corpus ou dans une langue.
L’hapax ne supporte pas de double, mais il est sans doute en lui-même scindé, dédoublé. Je le soupçonne d’être dédoublant à son tour.
L’étoile terreuse d’Albarracin est un hapax talismanique :
Je possède une étoile terreuse. Oui, une étoile terreuse. Une véritable étoile terreuse. Un très beau spécimen d’étoile terreuse. […] Disons que c’est une étoile, qui a, si vous voulez, l’exact éloignement des étoiles, forcément, mais qu’elle est terreuse. J’ai honte de ne pouvoir autrement la qualifier, de ne la nommer qu’ainsi : terreuse. Terriblement terreuse. Fatalement terreuse. (Mon Étoile terreuse — texte se lisant idéalement à voix basse, mais avec à l’esprit la voix de Christophe Tarkos).
L’hapax est une clef qui actionne le poème d’Albarracin. On est peu surpris de découvrir que l’hapax sert surtout à ouvrir des portes déjà ouvertes. Car la clef de l’hapax joue dans l’énigme évidente du poème. Il est question de l’ « hapax de l’être », dans De l’image et dans Cela. On trouve dans Le Citron métabolique un « hapax du même », formule plus vertigineuse encore.