Pessoa, le sphinx (Colette Soler) Dans L'Aventure littéraire ou la psychose inspirée (éditions du champ lacanien, 2001), Colette Soler propose une triangulation entre Rousseau, Joyce et Pessoa. L'ouvrage rassemble en réalité les actes d'un séminaire que tenait Soler : le caractère expérimental, ou "in progress" en est d'ailleurs revendiqué. Bricolage avoué, à moitié pardonné. Il… Lire la suite Parle à mon univers, ma tête est malade (notes sur Pessoa, 2)
Auteur : mathieujung
Parle à mon univers, ma tête est malade (notes sur Pessoa)
J'ai découvert Fernando Pessoa dans l'édition en deux volumes du Livre de l'Intranquillité, parue chez Christian Bourgois. C'était en 1999, peut-être 2000. Un début d'été, de cela je suis sûr : quelques souvenirs trop oiseux pour être livrés ici sont restés imbriqués dans la lecture que je fis du premier volume du Livre de l'Intranquillité,… Lire la suite Parle à mon univers, ma tête est malade (notes sur Pessoa)
Remarques indispensables sur l’utile et l’inutile (rêverie alphabétique, 5/n)
Nantis d'une maquette déplorable, les Dictionnaires amoureux sont d'inégale tenue. Si je préfère le Dictionnaire amoureux de Venise de Sollers au Dictionnaire amoureux de l'Italie par Dominique Fernandez, le Dictionnaire amoureux des Dictionnaires d'Alain Rey est à mes yeux inépuisable, particulièrement l'entrée "dictionnaire". Mon goût pour les formes fermées-ouvrantes y est amplement satisfait : Car… Lire la suite Remarques indispensables sur l’utile et l’inutile (rêverie alphabétique, 5/n)
Le tombeau de John Keats (fragment, 3)
tu as donc eu beaucoup de chance de retrouver ce livre égaré ici, dans l’édition précisément qui était la tienne, une certaine Amy y a apposé sa marque, en précisant qu’il s’agit de l’été 2007, Summer 07 – Amy, et tu notes qu’elle a barré le 7, peut-être était-elle anglaise, non pas américaine, spontanément tu… Lire la suite Le tombeau de John Keats (fragment, 3)
Penser le pensif (François Jullien)
Les noces passablement incestueuses de la littérature et de la philosophie ont été mille fois consommées. Le Parménide n'est au fond que le commentaire d'un poème, et l'on pourrait indéfiniment multiplier les exemples : rares sont les philosophes qui ne mettent pas, à un moment ou à un autre de leur pensée, la littérature à… Lire la suite Penser le pensif (François Jullien)
Hapax pour Albarracin
« Hapax » est un drôle de mot. Il appartient au domaine de la langue — hapax legomenon. Un hapax désigne un mot ou une expression qui n’apparaît qu’une seule fois dans un texte, dans un corpus ou dans une langue. L’hapax ne supporte pas de double, mais il est sans doute en lui-même scindé, dédoublé. Je… Lire la suite Hapax pour Albarracin
Le tombeau de John Keats (fragment, 2)
et Bergou est plus dur encore quand il dit qu’on est tous et toutes des petits garçons depuis que l’oncle Bill a décidé de faire parler un idiot, je ne sais pas si ce roman pourtant très profond travaille dans les mêmes profondeurs, mais il me plaît de penser que Caddy a pu croiser Rosemary… Lire la suite Le tombeau de John Keats (fragment, 2)
Le néant qui suinte
Il y a un vers de Victor Hugo qui m'a toujours frappé, dans La Fin de Satan : On entendait suinter le néant goutte à goutte Beckett, dans sa célèbre lettre à Axel Kaun (juillet 1937), écrit : "Espérons que viendra le temps, Dieu soit loué, il est déjà venu dans certains cercles, où le… Lire la suite Le néant qui suinte
Le Paradis perdu de Chateaubriand (notes sur la traduction, 13; PPL, 16)
Cette note, rapide et succincte, sur la traduction croise la série de billets estampillés Pour une prose libre (PPL). On verra ici combien ces deux domaines d'investigation rêveuse sont appelés à se rejoindre. Chateaubriand est l'auteur d'une traduction en prose de Paradise Lost de John Milton. Elle n'est pas dépourvue de qualités. Je ne cherche… Lire la suite Le Paradis perdu de Chateaubriand (notes sur la traduction, 13; PPL, 16)
L’ode, l’épopée, le non finito : Claudel, Pound, Bonfanti (chemins de Dante, 5)
Soit deux poètes très différents, que rien à ma connaissance ne saurait rapprocher. L'un, très célèbre, adoré, détesté et sans doute détestable — qu'importe, il s'agit d'un poète d'envergure, au souffle immense. Il suffit de relire son Ode jubilaire pour le six-centième anniversaire de la mort de Dante. L'autre, un poète de maintenant, moins connu,… Lire la suite L’ode, l’épopée, le non finito : Claudel, Pound, Bonfanti (chemins de Dante, 5)
Le Tombeau de John Keats (fragment)
retrouver dans un village balnéaire du sud de la péninsule italienne où l'on a désormais ses habitudes — mais c’est Palerme, au moins depuis cette nuit fatidique du 13 au 14 juillet 1933, qui concentre le mystère — on dira, pour faire court et voir plus large que le Grand Rêve se déroule au Royaume… Lire la suite Le Tombeau de John Keats (fragment)
3 mots pour Albarracin
bol Le bol figure dans l’importante série « Pots, cruches, pichets » (Herbe pour herbe), il y est l’évidement même. « Le bol épuise son approche », ce d’autant qu’il a « évidé son nom ». Lisant Albarracin, on est en droit d’avancer l’idiotie suivante : un coup de dés vaut pour un coup de bol. « Il y a un dé qui… Lire la suite 3 mots pour Albarracin
Par exemple, cette scie à bois…
Jérôme Bosch - Le Prestidigitateur On le sait, Stendhal est incohérent. C'est toujours un plaisir coupable que de lire les commentaires de ses glossateurs les plus dévoués quant à, par exemple, la chronologie de Le Rouge et le Noir. Même embarras de la critique lorsqu'il est question du plagiat éhonté sur quoi se fondent les… Lire la suite Par exemple, cette scie à bois…
Ivar à Palerme, 4
Voir la Vierge T'as vu la Vierge? Je n'ai jamais bien saisi cette expression. T'as vu la Vierge? Elle exprime une sorte de stupéfaction amusée face à l'ahurissement. On m'a déjà demandé, oh! pas souvent, mais quelquefois tout de même si j'avais vu la Vierge. Je ne pense pas que cela se dise encore. Ou… Lire la suite Ivar à Palerme, 4
Meaulnes, de la lenteur
Le Grand Meaulnes n'a pas fini de m'envoûter. Le gilet de soie, le domaine mystérieux, l'adolescence brumeuse, oui. Mais on y trouve aussi des phrases, des tournures qui m'ont toujours semblé curieuses. Comme celle-ci, qui témoigne du mystère de Meaulnes, au retour de celui-ci (chapitre VI) : "Que la matinée fut lente à traverser !" François,… Lire la suite Meaulnes, de la lenteur
Ivar à Palerme, 3
L'inutile prélude Je prends la décision de rendre visite à l'Annunciata. [voir ici] Je loge près d'elle depuis quelques semaines maintenant, et je n'ai, goujat, pas encore pris la peine de la saluer. Bien sûr, la bibliothèque du Prince m'occupe grandement, m'obnubile. Or, le palazzo Abatellis où elle est exposée est fermé. Ce sera pour… Lire la suite Ivar à Palerme, 3
Life on Mars ?
https://www.youtube.com/watch?v=AZKcl4-tcuo&ab_channel=DavidBowie Le Shelby, pub irlandais à deux pas de l’abominable hôtel des Postes, est un endroit où tu aimes à chercher abri lorsqu’il pleut à Palerme. Ce soir, la lune est pleine. Il se dit que la lune en Sicile est plus grande que partout ailleurs dans le monde. C’est une remarque curieuse, qui traîne… Lire la suite Life on Mars ?
Comme issus de la cervelle d’un enfant méticuleux
Ici, nul ne sait rien à propos de ce ressortissant français dont mourir était devenu une manière de passe-temps. Leonardo Sciascia semble avoir tout dit des derniers jours à Palerme de cet écrivain si particulier, souvent qualifié d’excentrique. Restent pourtant beaucoup d’énigmes à son sujet. Tout d’abord, pourquoi Raymond Roussel est-il descendu ici, et en… Lire la suite Comme issus de la cervelle d’un enfant méticuleux
Ivar à Palerme, 2
Privilégié J’avais suggéré à Ivar qu'il écrive au sujet de l’œuvre de Sylvia Plath, avec laquelle il entretient un rapport certain. Un rapport privilégié. Encore que la formule de « rapport privilégié » me semble relever du cliché journalistique. Attendu que le privilège n’est pas ce qui prive ou épargne de la loi — tout au contraire… Lire la suite Ivar à Palerme, 2
Thierry Metz, Lettres à la Bien-aimée et autres poèmes (Sitaudis)
Le poème de Thierry Metz se tient au-delà, ou en-deçà de la poésie. J'en parlais, il y a quelques années, au sujet de L'Homme qui penche, sur Poezibao [voir ici]. On ne peut que se réjouir de la parution dans la collection "Poésie/Gallimard" de Lettres à la Bien-aimée et autres poèmes de Thierry Metz. J'ai… Lire la suite Thierry Metz, Lettres à la Bien-aimée et autres poèmes (Sitaudis)
Le jour où Claudia Cardinale est morte
Du contenu Le présent blogue a changé de peau. Mais que l'on se rassure (ou que l'on s'inquiète) : il lupo perde il pelo ma non il vizio. L'apparence est un peu autre, mais le vice, encore impuni, lui, n'a pas changé. Je vais continuer de lire, de proposer des lectures ici. De faire que suppure… Lire la suite Le jour où Claudia Cardinale est morte
Ivar à Palerme
Bleu écarlate Avisant la couverture des filles bleues d’Ivar Ch’Vavar, mon ami Vincent, que les livres n’intéressent guère (euphémisme), établit un rapport de sens surprenant entre ce livre et une autre « fille bleue », à savoir l’Annunciata d’Antonello. « Tu sais, la fille en bleu que tu vas voir en Sicile. » Le bleu est évidemment la couleur… Lire la suite Ivar à Palerme
Chemins d’azalées, 4/4 (Poesibao)
Une sorte de tissu conjonctif s’est formé autour de Malcolm de Chazal. Je dirais de lui qu’il est le grand Chamane. Il mériterait un arcane à son effigie, au tarot. Malcolm est une figure hypnagogique qui permet d’accéder à l’autre côté. Pour autant, il ne détient aucune clef. Malcolm a, plutôt, le génie de toutes… Lire la suite Chemins d’azalées, 4/4 (Poesibao)
Robot-poète, honte prométhéenne, etc.
Boris Vian faisait paraître en 1953 un article intitulé "Un robot-poète ne nous fait pas peur". Il est plaisant à lire mais je ne saurais dire si son écriture est guidée par l'outrecuidance ou la naïveté. Morceaux choisis : Le possible d'un robot est immense. Vous voyez à quoi tout cela mène. Et vous vous… Lire la suite Robot-poète, honte prométhéenne, etc.
Lecture de Lectures (Poesibao)
Dans l’éditorial du numéro pénultième de la revue Catastrophes (mars 2025), Laurent Albarracin réanimait les enjeux du pont aux ânes que constitue, au moins depuis Baudelaire et Wilde, la question problématique du critique en tant que poète et du poète en tant que critique : « Si le poète est le mieux placé pour lire une œuvre,… Lire la suite Lecture de Lectures (Poesibao)
Poezibao (fin de l’archive)
Florence Trocmé signale que les archives de Poezibao (avec un z) sont vouées à disparaître au 30 septembre 2025. Voir ici. Le travail de Florence Trocmé est un travail d'immense envergure (quelque 13 000 articles publiés sur le site de 2004 à fin 2022). La BnF dispose fort heureusement d'une copie de ce patrimoine littéraire. La… Lire la suite Poezibao (fin de l’archive)
Jeannot, Niki, Pontus
Fontaines Sculptures laissées à l'état sauvage, en liberté, gratuites dans la ville de Bâle où tout est si peu sauvage et si cher. Tu ne te lasses pas de la fontaine de Carnaval où remuent les sculptures de Tinguely. Tu les salues à chacun de tes passages à Bâle. Elles portent chacune un nom. Ta… Lire la suite Jeannot, Niki, Pontus
Chez Salvo — to the Other Side
There are more things in Heaven and Earth, Horatio, than are dreamt of in your philosophy. Un barbier sicilien, c’est bien connu, en sait plus qu’on n’en saura jamais par les livres, bien davantage que la police ou les autorités, lesquelles, le plus souvent, ne peuvent que s’incliner face à un impératif d’inconnaissance et d’opacité.… Lire la suite Chez Salvo — to the Other Side
Mémoire et désir (PPL, 15)
Lorsque je flâne en librairie, et plus particulièrement encore dans les librairies d'occasion ou devant les stands de bouquinistes (que ferait-on sans le livre de seconde main ?), c'est désormais le souvenir qui travaille, bien avant le désir de lecture. Retrouver, par exemple, des livres de Joë Bousquet en Rougerie, pour songer à la préface d'Hubert… Lire la suite Mémoire et désir (PPL, 15)
L’Annunciata
… nullo signo locutionis indiguisse videntur.(Dante, De vulgari eloquentia) — Qui vous a mise dans cette fichue position?— C’est le pigeon, Joseph.(Léo Taxil, La Vie de Jésus) Je m’abîme dans la contemplation de ce qui me laisse indifférent d’un point de vue théologique.(Alain Buisine, Les ciels de Tiepolo) Tout a été dit déjà des Annonciations,… Lire la suite L’Annunciata
e.e. cummings (Poesibao)
Démantelant la typographie pour mieux dilacérer l’ordre bourgeois, e.e. cummings (Edward Estlin Cummings, qui détestait les majuscules) propose une poésie qu’on n’a pas fini de découvrir, notamment en France, où on la connaît finalement assez mal, en dépit de nombreuses traductions. Mario Maurin, un de ses premiers traducteurs en français, notait dans Les Lettres Nouvelles : « les… Lire la suite e.e. cummings (Poesibao)
Soigner ses amphibologies
La figure de l'amphibologie me hante. Furetière y voit un "vice du discours". Elle est absente chez Fontanier. Littré en donne cette définition : "Arrangement des mots d'où résulte un sens douteux." C'est vague. Bien écrire pourrait n'être au fond que contrôler ses amphibologies. Ou tout du moins les assumer. Dans le grand Robert analogique… Lire la suite Soigner ses amphibologies
Le matin, le soir et la nuit
Le Matin est une série de poèmes datée de 1982, inclue dans Possibles futurs de Guillevic. Dans le même recueil, on peut lire une aute séquence de poèmes, de longueur sensiblement égale, Le Soir (1988). Je ne saurais dire si ces ensembles sont conçus pour se répondre. Il se trouve que certains poèmes du soir… Lire la suite Le matin, le soir et la nuit
Chasser le kangourou avec Carelman & Albarracin
Jacques Carelman, Catalogue d'objets introuvables kangourou Le fusil employé pour la chasse au kangourou est doté d’un canon ondulé. Je montrais un soir cette invention de Jacques Carelman à Laurent, qui en fut autant intrigué qu’hilare. Le canon « à la forme très étudiée » — en sinusoïde — mime pour ainsi dire le bond de l’animal,… Lire la suite Chasser le kangourou avec Carelman & Albarracin
Mon « L’autre », entre autres
Jorge Luis Borges, à la via Igea (Palerme, 1984) Je tiens le conte de Jorge Luis Borges intitulé "L'autre" (dans Le Livre de sable) pour l'un de ses plus amusants. Borges, assis sur un banc à Boston (Cambridge), en 1969, converse avec un personnage n'ayant pas même vingt ans, qui prétend n'être autre que Borges… Lire la suite Mon « L’autre », entre autres
Le véritable endroit (pour une prose libre, 14)
Quelqu'un a inscrit un jour en grandes lettres sur le mur d'enceinte de l'hôpital psychiatrique de Rouffach (Haut-Rhin) la fameuse formule que l'on doit à Hamm (Beckett, Fin de partie) : "vous êtes sur terre, c'est sans remède". C'est précisément à cet irrémédiable que le poème semble offrir sinon une réponse, une sorte de consolation.… Lire la suite Le véritable endroit (pour une prose libre, 14)
Ostinato (pour une prose libre, 13)
S'il ne fallait retenir qu'un seul livre de Louis-René des Forêts, ce serait selon moi, et sans grande originalité, Ostinato. Je disais, m'appuyant sur un fragment de Kafka, que la prose libre est autoportée, exosquelettique. C'est très vrai des paragraphes ou îlots de sens qui constituent Ostinato. Une sorte de lyrisme est à l'œuvre dans… Lire la suite Ostinato (pour une prose libre, 13)
Contre soi, contre le monde
Je n'ai jamais bien su épeler le mot "épeler". J'écris : "J'écris." Mieux encore : "J'écris Paludes." Molly Bloom dit ne pas aimer les livres où il est question d'une Molly. Belle formule de Georges Bataille : "... l'animal est dans le monde comme l'eau est dans l'eau." On trouve dans Roland Barthes par Roland… Lire la suite Contre soi, contre le monde
Podsnappery
Mr Podsnap Faire pour la somme de 9 euros l'acquisition, en 2025, d'un livre à l'état neuf, collection de poche, grand éditeur français, dont l'auteur est présenté comme "l'un des penseurs contemporains les plus traduits" et s'apercevoir que les pages commencent d'en jaunir — Impression Novoprint le 20 août 2021. 9 euros, ce n'est pas… Lire la suite Podsnappery
Esquisses de la lune et du ciel pour Albarracin
lune La lune fait l'objet d'un renversement amusant dans Plein vent : La lune avec son doigtmontretous les idiots L'idiot qui montre la lune du doigt somnole dans la curieuse image ci-dessus (la citation). Albarracin éveille la langue. Les formes endormies du langage se changent en images à la faveur d'une rêverie de mots. La… Lire la suite Esquisses de la lune et du ciel pour Albarracin
Rêverie alphabétique, 4/n
Barthes disait souffrir d'une maladie qui lui faisait "voir" le langage. Cela se trouve dans Roland Barthes par Roland Barthes, qui est un idéal herbier alphabétique. Voir le langage, ce n'est pas la même chose que de voir les mots. Chez Barthes, on est bien d'accord, c'est d'une structuralite aiguë dont il s'agit. Je parle,… Lire la suite Rêverie alphabétique, 4/n
Rêverie alphabétique, 3/n
Erté, lettre Q Dans La Disparition, roman dont le chapitrage reprend l'alphabet, il manque le chapitre cinq. * J'ai relu dernièrement Alphabet de Paul Valéry. C'est prodigieux, needless to say. Sylvia Beach comparait Valéry au personnage de Charlot. La dimension comique de La Jeune Parque m'échappe un peu. Or, il y a une sorte de… Lire la suite Rêverie alphabétique, 3/n
Rêverie alphabétique, 2/n
L'alphabet, l'Ordre moins le pouvoir ? Un lieu en tout cas où il nous est encore permis de rêver. * Grâce à un outil de recherche appliqué au texte de la Recherche, je me suis aperçu que le mot "alphabet" n'apparaît nulle part dans le roman de Proust. * Je ne saurais dire par quel… Lire la suite Rêverie alphabétique, 2/n
888 mots pour Pénélope
Oui c'est très lisible j’ai dit en attigeant un peu au type qui à la librairie me demandait si Joyce là dont je venais de faire l’acquisition du volume séparé de l’épisode Pénélope dans la belle traduction de Tiphaine Samoyault il faut à chaque fois que je réfléchisse pour l’orthographe à donner au prénom de… Lire la suite 888 mots pour Pénélope
Rêverie alphabétique, 1/n
Cela fait quelque temps que je médite sur ce drôle d'objet que peut être un dictionnaire, presque comme on peut méditer devant un crâne. C'est mon côté saint Jérôme. Tout le monde sait, en vérité, que le saint patron des Dictionnaires n'est autre qu'Alain Rey. J'ai évoqué, ici-même, le Dictionnaire du Diable d'Ambrose Bierce. Il… Lire la suite Rêverie alphabétique, 1/n
James Joyce sans s’embêter à le lire
Le James Joyce: A Life de Gabrielle Carey (131 pages aux éditions Arden) est un petit livre joliment édité qui se veut une biographie non-académique de James Joyce. On tire un plaisir certain à la lecture de cet ouvrage assez guilleret, mais on n'y apprend rien qui ne se trouve pas déjà dans d'autres travaux… Lire la suite James Joyce sans s’embêter à le lire
Claudel universel contemporain
Paul Claudel, lors de la première de L'Annonce faite à Marie, 1912 (droits réservés) Après avoir comparé Claudel à Pascal, à Bossuet, à Mallarmé, à Rimbaud ("Rimbaud surtout") Jacques Madaule conclut sa préface au théâtre de Claudel (Pléiade, 1964) comme suit : Claudel est relativement plus facile à situer dans la littérature universelle, car c'est… Lire la suite Claudel universel contemporain
Joyce le trou noir
Le hasard de mes lectures, leur cohérence profonde et cachée, me pousse à lire Les Jardins statuaires de Jacques Abeille, dont la puissante rêverie est très comparable à celle d'Henri Michaux que je relis (parmi les quelques volumes de "Poésie/Gallimard" dont je dispose, j'ai prêté (à qui ?) définitivement je le crains, Plume et aussi Misérable… Lire la suite Joyce le trou noir
Rimbaud le perpétuel, Proust l’éternel (Jude Stéfan)
Le Rimbaud et Lautréamont de Jude Stéfan (L'Étoile des limites, 2023) est un drôle d'objet dont les contraintes liées au pensum académique étranglent quelque peu la vigueur. J. S., ou plutôt le futur Jude Stéfan, a rédigé ce mémoire en 1960 dans le cadre, nous explique-t-on, d'un diplôme d'Études Supérieures en vue de l'agrégation. Le travail… Lire la suite Rimbaud le perpétuel, Proust l’éternel (Jude Stéfan)
Ricaner des prouesses du singe savant
Henri Michaux Peinture à l’encre de Chine sur papier, 1977 27 × 35 cm © Galerie Berthet — Aittouarès Se ruer sur l'œuvre de Michaux dans un indescriptible état d'exaltation, sans trop savoir si l'on y va comme vers une armoire à pharmacie, un pistolet chargé à blanc (ça peut faire tout de même au plan cosmétique quelques dégâts… Lire la suite Ricaner des prouesses du singe savant
Expédition archéologique relative aux différents séjours du poète Jean-Pierre Le Goff en la bonne ville de Strasbourg, 1, suite : enterrement de la Pelle et restitution du Rayon Vert à la Cathédrale
Dimanche, 6 juillet 2025 a eu lieu l'inhumation de la Pelle au lieu-dit Le Puy-du-Ciel à Marc-la-Tour (Corrèze). Quelques amis se sont joints au cortège. Il n'est pas impossible que des Réisophes se soient glissés parmi les endeuillés. La cérémonie s'est tenue dans la plus stricte intimité, sous la pluie. Une liturgie précise a été… Lire la suite Expédition archéologique relative aux différents séjours du poète Jean-Pierre Le Goff en la bonne ville de Strasbourg, 1, suite : enterrement de la Pelle et restitution du Rayon Vert à la Cathédrale
Paul Valéry : admiration, contrariété
J'admire Paul Valéry, mais mon admiration pour sa poésie, pour sa personne même ne vont pas sans contrariétés. Parler de lui, de sa poésie, m'est donc une sorte d'exercice d'admiration pour reprendre une expression de Cioran, qui évoque Valéry, dans ses Exercices d'admiration précisément. Cioran lui-même me crispe, encore que je l'admire lui aussi. Cette… Lire la suite Paul Valéry : admiration, contrariété
Expédition archéologique relative aux différents séjours du poète Jean-Pierre Le Goff en la bonne ville de Strasbourg, 1 : préparatifs en vue de la restitution du Rayon Vert à la Cathédrale
La France Pittoresque, J. Gourdault, Hachette, 1910 Le dimanche 6 juillet 2025 à 11 heures, nos camarades enterreront, comme annoncé par voie de presse, une pelle au Puy-du-Ciel (Corrèze). Nous nous engageons pour notre part dans la première expédition d'une vaste mission archéologique sur les traces en la bonne ville de Strasbourg du poète Jean-Pierre… Lire la suite Expédition archéologique relative aux différents séjours du poète Jean-Pierre Le Goff en la bonne ville de Strasbourg, 1 : préparatifs en vue de la restitution du Rayon Vert à la Cathédrale
Trois ébauches de mots pour Albarracin (comme, oupséité, Witz)
comme Le mot « comme » est un opérateur de comparaison, mieux encore : de jonction. Le comme est très fréquent chez Albarracin. Le poète de l’image est aussi un poète de la comparaison, du comme. Peut-être que la comparaison a pour Albarracin un statut supérieur à la métaphore. « L’être est du comme. » (De l’Image). Le travail d’analogie… Lire la suite Trois ébauches de mots pour Albarracin (comme, oupséité, Witz)
Le Gigolo des dieux
Luis Ernesto Valencia pour Mateo Le mythe de l'enfant-poète, de Rimbaud à Minou Drouet, fascine. Le destin de Luis Ernesto Valencia (1958-1968) est quant à lui bouleversant. Peut-être même au-delà ou en decà de toute poésie. Comment ne pas être ému de la trajectoire de ce gosse qui quitte ses parents à l'âge de cinq… Lire la suite Le Gigolo des dieux
En suspension
Avec Bartleby et compagnie, Enrique Vila-Matas reprend à son compte ce qu'écrit Marcel Benabou dans Pourquoi je n'ai écrit aucun de mes livres : "Les livres que je n'ai pas écrits, n'allez surtout pas croire, lecteur, qu'ils soient pur néant. Bien au contraire (que cela une bonne fois soit dit) ils sont comme en suspension… Lire la suite En suspension
Proust allégorie de la lecture, une évidence
Je ne me place pas en spécialiste de Marcel Proust. Je lis Proust, dont je me considère comme un lecteur un peu obsessionnel. Ni plus ni moins, je pense, que toute lectrice ou lecteur de Proust. Mon rapport sciemment hétérodoxe à cet auteur — mon dilettantisme éclairé — se nourrit de lectures qui, elles-mêmes, ne… Lire la suite Proust allégorie de la lecture, une évidence
Brian Wilson, God Only Knows
pour Fredpour Micka Brian Wilson était de ces créateurs qui savent être à la fois intensément au cœur des choses et superbement à côté de la plaque. Cette double situation sans doute intenable pour lui fit de lui ce qu'on appelle communément un génie. On dit de Brian qu'il était la tête pensante des Beach… Lire la suite Brian Wilson, God Only Knows
Lire et voir (images de lecture)
Image de lecture et d'écriture : Léon Benett, illustration pourLes Cinq cents millions de la Bégum (Jules Verne) Lire une photographie, lire une image ou un paysage, à la fois métaphore et abus de langage. Abus de langage en cela qu'on a sans doute trop misé sur l'explication linguistique du monde. Métaphore en cela que… Lire la suite Lire et voir (images de lecture)
Babylone, l’Automne à Pékin, la ligne A
On envie ces écrivains à course de plume qui prennent leur récit un peu là où cela leur chante (et c'est sans doute une illusion), pour laisser filer la fiction — comprendre : pour la mener la où elle veut. Souvent cela semble hasardeux, impromptu, cahoteux et chaotique, sans fil conducteur, en apparence du moins.… Lire la suite Babylone, l’Automne à Pékin, la ligne A
Animalbarracin
https://www.youtube.com/watch?v=MaDb-8kEqtA&ab_channel=InstitutoFranc%C3%A9sdeChile L’animal « n’est pas forcément là pour autre chose que pour lui-même ». Et Albarracin de poursuivre : l’animal « surgit dans sa beauté d’animal ». Mieux encore : « il n’est pas là pour représenter autre chose que lui-même. » (entretien avec Marcela Saldaño). L’animal est obstinément là, plein de sa seule présence, du là de son cela (voir ce terme).… Lire la suite Animalbarracin
Chemins d’azalées, 3/4 (Poesibao)
Gouache de Malcolm de Chazal « Dans bien vivre, il y a un mot de trop. » Pour cette seule formule, disponible dans Sens-plastique, Malcolm mérite qu’on lui porte quelque intérêt. Une bizarre éthique se révèle chez cet écrivain méconnu, que l’on découvre à Paris à la fin des années 40, non peut-être pour les bonnes raisons.… Lire la suite Chemins d’azalées, 3/4 (Poesibao)
Celui qui arrête d’écrire
https://www.youtube.com/watch?v=ScDHnoGVltQ&ab_channel=MusicArt61 Ce n'est pas courant, un écrivain qui arrête d'écrire. Je veux dire, un écrivain qui, ayant rencontré le succès, décrète après son seul et unique roman qu'il arrête. C'est assez, es ist genug. Il a tout dit. En admettant, bien sûr, qu'il soit possible de tout dire. Dans le cas tout théorique de mon… Lire la suite Celui qui arrête d’écrire
Idiotie complète avec Vila-Matas
https://www.youtube.com/watch?v=N4iksr4RAvc&list=PLI21Mpk0oq-VJnhfGmCF9-0uqFOcZYtvG&ab_channel=mrsugarhotpants "Je me suis senti un idiot complet quand je me suis rendu compte que c'était moi-même qui venais de jeter cette liasse sur mon siège..." Dans Paris ne finit jamais, ouvrage dont j'ai pris le parti de ne pas finir, ou d'in-finir la lecture, le narrateur, lequel partage davantage qu'un air de ressemblance avec… Lire la suite Idiotie complète avec Vila-Matas
Pour une prose libre, 13 (Dylan Thomas, proses)
L'idiot se tenait debout au sommet des collines de Jarvis, contemplant la vallée immaculée, des eaux et des herbes de laquelle émanaient et se perdaient les vapeurs du matin. Il voyait se dissoudre la rosée, le bétail se mirant dans la rivière, ainsi que les nuages noirs se dissipant dans la rumeur du soleil. Le… Lire la suite Pour une prose libre, 13 (Dylan Thomas, proses)
Lecture fébrile et gigogne
Me revient cette lubie d'un portrait de lecteur. Ou du portrait de la lecture. Il m'arrive, dans mes moments les plus ridiculement exaltés, de rêver à une phénoménologie de la lecture. On en est là. Inéluctable modalité du lisible, etc. Faut-il, ne faut-il pas tenir compte de l'état d'âme de la lectrice ou du lecteur… Lire la suite Lecture fébrile et gigogne
The Other Side (Uncut, juin 2025)
Le rock est mort en 1954, Nick Tosches l'a établi en quelques pages définitives. Au fond, le rock est, par essence, une forme rémanente, fantomatique. Je ne peux m'empêcher de penser cela lorsque, comme il m'arrive de temps en temps, je feuillète des magazines consacrés au rock dans ce haut-lieu de la culture de masse… Lire la suite The Other Side (Uncut, juin 2025)
Choses lues sur la ligne A
La ligne A du tramway de Strasbourg s'étend sur un peu plus de 14 kilomètres et comprend 27 stations. Je l'ai beaucoup pratiquée ces derniers jours, depuis un petit mois maintenant, depuis le 13 avril (nous sommes le 23 mai). Dans le sens d'Illkirch-Graffenstaden, jusqu'au terminus; dans le sens également de Parc des Sports, mais… Lire la suite Choses lues sur la ligne A
L.A. Woman au Listener (Paris)
Ce sera l'occasion de désencombrer les Doors de leur mythe et de tâcher de rendre ce groupe à la musique, dans un lieu tout dédié. Voir le site du Listener. https://www.youtube.com/watch?v=hugOYSB8QgE&ab_channel=BobBarry
Ptyx contre Théâtre des Incomparables
Clément Rosset occupe une place discrète dans la bibliographie roussellienne, mais il n'en est pas moins un compagnon agréable lorsqu'il s'agit de s'aventurer dans l'œuvre déroutante de Roussel. Très tôt, dès 1983, Rosset a été sensible chez Roussel à une "écriture à rebours, qui va victorieusement à l'encontre de tout ce qu'il est conseillé et… Lire la suite Ptyx contre Théâtre des Incomparables
Prolégomènes à l’organisation d’une mission archéologique relative aux séjours successifs du poète Jean-Pierre Le Goff en la bonne ville de Strasbourg
Jean-Pierre Le Goff (février 1986), photographie de Fanny Viollet Alors que se prépare un hommage aussi vibrant que souterrain à Jean-Pierre Le Goff (celles et ceux qui savent, savent), je prends le parti quant à moi de me lancer à la recherche d'éventuelles traces, réelles ou imaginaires, que le poète a pu laisser à Strasbourg… Lire la suite Prolégomènes à l’organisation d’une mission archéologique relative aux séjours successifs du poète Jean-Pierre Le Goff en la bonne ville de Strasbourg
Roger Munier : La Voix de l’érable (Sitaudis)
Les notes de La Voix de l’érable, qui s’échelonnent de mars 1995 à septembre 1997, témoignent d’une aventure de la pensée dont la portée est, là encore, à la fois particulière et universelle. À mieux dire, on assiste à une aventure dans la pensée, à un périple intellectuel. Munier le dit excellemment : « Toute vie est voyage vers… Lire la suite Roger Munier : La Voix de l’érable (Sitaudis)
Langue qui me commence : parler pour
C'est un parler pour. Non pas une adresse seulement. C'est davantage qu'une adresse. Le parler pour de Serge Núñez Tolin est un parler dans ainsi qu'un parler sans. Le parler pour est une prière ou une louange dûment et expressément adressée, mais ce n'est pas cet aspect — évident et touchant, touchant par son évidence… Lire la suite Langue qui me commence : parler pour
La rue cachée
Henri Bergson, 1928 C'est en discutant l'autre soir avec Mathieu, au bistrot, que j'ai eu vent d'une rue cachée dans Strasbourg. Je connais cette ville assez bien, son hypercentre en particulier, et cette affaire m'a rendu curieux. Mathieu, informaticien de son état, à qui j'ai donné à lire l'article fameux de Bergson, "Le Possible et… Lire la suite La rue cachée
Théorie des ombres
Stéphane Maignan fait paraître Théorie des ombres aux Éditions Pierre Mainard, dans leur collection courante. Il s'agit d'une plaquette élégante de petit format, d'une quarantaine de pages à peine, de facture impeccable. Il importe de souligner le soin apporté à la réalisation des ouvrages chez Pierre Mainard, tant les éditeurs d'aujourd'hui tendent à rivaliser d'audace… Lire la suite Théorie des ombres
Un grand fauve s’est levé sur Strasbourg
Hier, dimanche, 27 avril à 19 heures, le cinéma du Cosmos a proposé une séance du Guépard dans une version restaurée. J'ai eu l'honneur et le plaisir de présenter le film en compagnie de Fiona Hosti. Quelques mots avant le film, puis, plus longuement, de manière aussi libre que riche, avec les quelques spectateurs encore… Lire la suite Un grand fauve s’est levé sur Strasbourg
Chemins d’azalées, 2/4 (Poesibao)
gouache de Malcolm de Chazal Malcolm décrasse nos perceptions. Pour un peu, il serait comparable à William Blake. Le proverbe est aussi une forme adoptée par le poète anglais, dans The Marriage of Heaven and Hell. Pour Blake, la nudité de la femme est l’œuvre de Dieu. Malcolm ne dit pas autre chose : « C’est par… Lire la suite Chemins d’azalées, 2/4 (Poesibao)
Roussel & Joyce : paroxysmes au regard du signifiant
J'ai l'honneur et la joie de paraître au sommaire du numéro 8 des Cahiers Raymond Roussel (Revue des Lettres Modernes Minard/Classiques Garnier) : Raymond Roussel dans son temps dirigé par Hermes Salceda et Christophe Reig, "Roussel, Joyce. Paroxysmes au regard du signifiant", pp. 55-74 [voir ici]. J'y lis Joyce et Roussel à travers un prisme… Lire la suite Roussel & Joyce : paroxysmes au regard du signifiant
Ébauche de l’évidence (un mot pour Albarracin)
évidence « Le serpent du paradoxe mord la queue de l’évidence. » Cet aphorisme de Résolutions a été mis bien en évidence, sur la quatrième de couverture du volume Résolutions. Il faut méditer le serpent de l’évidence. « La poésie dit l’évidence. Mais l’évidence est toujours à recommencer, c’est même par là qu’elle s’évide, qu’elle s’affûte et se… Lire la suite Ébauche de l’évidence (un mot pour Albarracin)
Le Guépard au Cosmos
Dans le cadre du festival Arsmondo Méditérranée en partenariat avec l'Opéra national du Rhin, séance spéciale du Guépard de Luchino Visconti, dimanche, 27 avril à 19 heures, dans la grande salle du cinéma Le Cosmos (Strasbourg). Présentation de Fiona Hosti et Mathieu Jung, lequel portera une cravate pour l'occasion. [détails]
Les Chemins de l’image (Jean-Pierre Le Goff)
Jean-Pierre Le Goff (1942-2012) parvient à réactiver la merveille au sein du quotidien, selon une pratique consciencieuse du poème. L'analyse du banal, la banalyse menée et mise en actes par Le Goff obéit aux règles rêveuses et minutieuses du hasard objectif. La Banalyse (1982-1991) est un mouvement ayant fini assez naturellement par s'occulter, selon le… Lire la suite Les Chemins de l’image (Jean-Pierre Le Goff)
Vers uniques (pour une prose libre, 12)
La méditation que je poursuis sur ce que je nomme prose libre portera ici sur l'Anthologie du vers unique de Georges Schehadé, soit un objet ouvertement lié au vers. Ce n'est un paradoxe ni un détour, tant je pressens que cette forme particulière de prose à laquelle je songe est indissociable du vers, quand bien… Lire la suite Vers uniques (pour une prose libre, 12)
Sainte-Beuve : « Nous en sommes à Dante » (chemins de Dante, 4)
Sainte-Beuve Le nom de Dante Le signifiant "Dante", la simple énonciation de ce nom déclenche une sorte de grand frisson. En français, cette seule syllabe — et, plus encore, on l'a beaucoup souligné, l'adjectif "dantesque" qui en dérive — encombre la réception de la Divine Comédie, de Vita Nova, des Rimes, empêche l'accès serein à… Lire la suite Sainte-Beuve : « Nous en sommes à Dante » (chemins de Dante, 4)
Poésie en alsacien (revue L’intranquille n° 28)
Parution d'une anthologie de poésie en langue alsacienne établie par mes soins pour le n° 28 de la revue L'Intranquille (mars 2025). Au sommaire de ce florilège bilingue d'une trentaine de pages : les frères Matthis, Nathan Katz, Lina Ritter, Emile Storck, Claude Vigée, Conrad Winter, André Weckmann, Gaston Jung, Adrien Finck, Sylvie Reff et… Lire la suite Poésie en alsacien (revue L’intranquille n° 28)
11 signes, espaces comprises
Longtemps, j'ai cru que la phrase la plus courte d'À la Recherche du Temps perdu se trouvait dans Le Temps retrouvé (la plus longue étant dans Sodome et Gomorrhe, I — elle comprend un peu plus de 900 mots). "Long à écrire." La phrase tient en 3 mots. En 14 signes, espaces comprises. "Long à… Lire la suite 11 signes, espaces comprises
Trois ébauches de mots pour Albarracin (briquet, image, proverbe)
briquet « L’image est un feu qui a brûlé l’étape du feu. »(De l'image) Souvent je songe à Albarracin, à nos discussions matinales et simples au Café de la Mairie. La magie opère alors, et il me plaît de penser que nous sommes déjà dans le poème. Soit le poème suivant, tiré de Shifumi : Le papillon comme… Lire la suite Trois ébauches de mots pour Albarracin (briquet, image, proverbe)
Ambrose Bierce : Le Dictionnaire du Diable
Je songe depuis quelque temps à entamer une longue méditation qui aurait pour objet mon rapport au dictionnaire. Les notes se sont accumulées, sans ordre précis. Persuadé que je suis, dans mes bons jours, de la cohérence secrète de toute chose. Je médite également, ces temps-ci, sur l'aphorisme en tant que forme. Par exemple :… Lire la suite Ambrose Bierce : Le Dictionnaire du Diable
Occulter la poésie
Il va sans dire que la poésie est devenue, comme toute chose, un objet de marketing. Pourquoi ferait-elle exception ? Je veux dire, la poésie, ce bien qui appartient à personne et à tout le monde — au nom de quoi pourrait-elle être le lieu ou le prétexte d’une quelconque résistance ? Si l'on persiste d'ailleurs à l'enseigner,… Lire la suite Occulter la poésie
Ann Loubert : B. assis sur sa mort
On abuse beaucoup, de nos jours, au prétexte d'une éthique réflexe mal dissociée d'une idéologie panique, du terme de nécessité. Telle œuvre est nécessaire, en cela qu'elle émane d'une juste cause, en cela qu'elle participe d'un effort au bien. Tout juste parue aux toutes jeunes éditions Sur Paroles, la petite plaquette d'Ann Loubert résulte quant… Lire la suite Ann Loubert : B. assis sur sa mort
Joe Bousquet : l’opium des songes
L’œuvre de Joe Bousquet se présente comme une imposante masse de texte, un journal lyrique « à la fois rompu et ininterrompu » (Hubert Juin) où les lettres à Marthe, à Ginette, à Germaine « Poisson d’or », à Fany, à Linette et à quelques autres constituent une part non négligeable. L’Opium des songes rassemble les lettres jusqu’ici inédites… Lire la suite Joe Bousquet : l’opium des songes
« Infime » pour Albarracin et Viguié (ébauche de mot)
infime Les anges, nous rappelle Dante, n’ont pas l’infirmité du langage, ils sont manifestation pure (De Vulgari eloquentia). On appelle cela entéléchie, forme des formes, comme on voudra. Le poème d’Albarracin est souvent quant à lui au service des petits mots de la langue, de l’infimité de la langue. Prenant acte de l’infirmité ou de… Lire la suite « Infime » pour Albarracin et Viguié (ébauche de mot)
Nominalisme & warp zone
DIVO EXPEDITO MARTYRI inscrit en grandes lettres sur le fronton d'une église aux franges du centre historique de Palerme, en Sicile. Je prends le parti de préciser, car il existe un quartier de Buenos Aires qui se nomme Palermo, tout comme la ville de Sicile. Je ne sais pas si le nominalisme se soigne; je… Lire la suite Nominalisme & warp zone
Proust ni fait ni à faire (pour une prose libre, 11)
Drôle de bouquin que Contre Sainte-Beuve, dont on se contente d'ânonner les désormais sempiternelles banalités au sujet du moi créateur qui s'oppose au moi social (ce sont devenu des évidences du fait de la Recherche même). L'ouvrage, tel qu'il a été livré par Bernard de Fallois en 1954, se présente comme un dossier hétérogène mais… Lire la suite Proust ni fait ni à faire (pour une prose libre, 11)
Anabase, anarchie, adolescence
Brel-Ferré-Brassens, l'image qui me fait chier On se souvient de Léo Ferré qui, dans "Le Chien", sur la fin du morceau, a ce crachat de mépris : "Je n'écris pas comme de Gaulle ou comme Perse." Cela peut suffire à durablement jeter le discrédit sur l'auteur d'Anabase (qu'on le juxtapose au Général peut interloquer, mais… Lire la suite Anabase, anarchie, adolescence
Hermann sur la dunette (dérive lémurienne, 8)
la Djemnah, paquebot sur la dunette duquel Jules Hermann a passé la nuit du 28 au 29 octobre 1911 Nous sommes le 28 octobre 1911. Jules Hermann, licencié en droit, ancien avocat, notaire de son état, archiviste méticuleux, ancien maire de la ville de Saint-Pierre, président du Conseil général, savant réputé, historien de l’île Bourbon,… Lire la suite Hermann sur la dunette (dérive lémurienne, 8)
Le plaid du Vieux Créole (dérive lémurienne, 7)
La Djemnah, paquebot à bord duquel Jules Hermann a passé la nuit du 28 au 29 octobre 1911, en voyage pour l'île Maurice Un grand plaid bariolé recouvre le Vieux Créole. Ce sera un sommeil de quelques heures à peine. Bientôt, sur les coups de trois heures, il va se réveiller dans les parages de… Lire la suite Le plaid du Vieux Créole (dérive lémurienne, 7)
Un continent refoulé (dérive lémurienne, 6)
Mann kann auch in die Höhe fallen, so wie in die Tiefe. (Hölderlin) Les étoiles du ciel sont nécessairement liées aux profondeurs du Grand Océan. Il ne saurait en être autrement. Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, et ce qui est en bas est comme ce qui est en… Lire la suite Un continent refoulé (dérive lémurienne, 6)
Le théodolite de voyage (dérive lémurienne, 5)
théodolite portatif ou de voyage Dimanche, 9 mai 1909, jour des lémuries. Sous la varangue, Jules et les cousins Leblond évoquent Tanibé, la grande île de Madagascar. Le notaire énonce des thèses surprenantes au sujet du parler océanien. Ary et Marius Leblond, cousins et gémeaux de plume qui ont leurs entrées à Paris sont quelque… Lire la suite Le théodolite de voyage (dérive lémurienne, 5)
Bergamotte à phylactère déployé (dérive lémurienne, 4)
Lorsque j’arpente les mille plateaux de la Lémurie, je ne peux m’empêcher de penser aux sept explorateurs de l’expédition Sanders-Hardmuth. Plus particulièrement, au professeur Bergamotte, avec ses gros sourcils en broussaille, sa barbe en lame de bêche, son rire fait de grosses lettres qui résonne dans tout le phylactère tandis que le costaud bonhomme se… Lire la suite Bergamotte à phylactère déployé (dérive lémurienne, 4)
Hermann sur la Plaine (dérive lémurienne, 3)
Jules Hermann (1845-1924) J’imagine ce moment où Maître Hermann passe corps et âme de l’autre côté. Il herborise sur la Plaine. Nous sommes en juillet, peut-être en août. L’hiver austral. L’ombre des badamiers de Saint-Leu ne se dessine pas bien sur le sol. Hermann perçoit des phosphènes, des taches de couleur dans la nuit sans… Lire la suite Hermann sur la Plaine (dérive lémurienne, 3)