7 décembre 2018
Conférence Omezis / La Lézarde
Lovecraft et le Grand Océan
au Local, à Strasbourg, 20 heures
Il est des folies solaires, des folies lunaires. Ce qu’on va voir, c’est qu’il existe aussi bien des folies issues des profondeurs et de l’océan. « La folie venue de la mer », pour reprendre les termes d’Howard Phillips Lovecraft. Promenant un homard au bout d’une laisse devant le Palais-Royal, Gérard de Nerval rappelait au monde que les crustacés connaissent « le secret de la mer ». Un peu plus tard, le capitaine Nemo irait s’enfoncer à vingt mille lieues sous les mers, emportant avec lui sa rage et son mystère. Connaissance par les gouffres. Mieux : par les abysses.
L’espace qui va nous intéresser sera celui que le Réunionnais Jules Hermann (1845-1924) cristallisa sous le nom de Grand Océan. Ce sera une rêverie singulière, bordée d’angoisse et d’inconnaissable. Comme il est écrit dans L’Appel de Chthulhu : « Nous vivons sur une île placide d’ignorance, environnée de noirs océans d’infinitude que nous n’avons pas été destinés à parcourir bien loin. » Nous tâcherons, en dépit de cette mise en garde, d’aller un peu plus loin que prévu. Nous feuilletterons les pages du Necronomicon. Mais aussi les Révélations du Grand Océan, ouvrage posthume que l’on doit à un Créole grandiose, excentrique et visionnaire. Du fond d’un naufrage, d’Atlantides en Lémuries, nous arpenterons les hauts plateaux de continents fracassés qui n’existent pas, selon les coordonnées impossibles du Grand Océan et de R’lyeh l’engloutie.