
On plonge avec délices dans ce volume de 400 pages, qui est une sorte de coupe transversale du paysage poétique sinon contemporain, tout du moins moderne. Une aventure, une expérimentation. Aux commandes : Emmanuel Hocquard et Raquel.
Hocquard, on connaît, bien sûr. Le cours de Pise (POL) ou ses Élégies parues dernièrement chez Gallimard. Raquel ? Inconnue ou presque. Peintre surtout. Il faut aller voir son site [Raquel], on y trouve de belles photos, comme celle-ci, qui date des années 70, où elle est en conversation avec Hocquard.

Orange Export Ltd fut une toute petite maison d’édition, basée à Malakoff. Les petits livres d’Orange Export sont fameux, de véritables raretés désormais. C’était l’époque où l’on faisait des livres, avec une presse. Très faibles tirages. Pas de la littérature d’éprouvette pour autant. Quelque chose d’autre, qui n’a pas encore fini de chercher. Aujourd’hui même, alors qu’on ne trouve plus grand-chose à dire où à faire, en ces temps de disette pour le moins pléthorique. Ce volume qui regroupe l’ensemble de la collection Orange Export avait paru tout d’abord en 1986, et le voici réédité, avec une préface de Stéphane Baquey, qui situe habilement le projet d’Emmanuel Hocquard et de Raquel.
On découvrira des textes très rares. Des choses il est vrai un peu décrochées, placées qu’elles sont dans un fort volume Flammarion. Les plaquettes originales sont toutes petites, et cette nouvelle présentation ne leur rend pas justice, pour ce qui est de leur matérialité, de leur vérité de petit objet. Soit. Mais on rêve en lisant L’Éternité de Georges Perec, tel autre texte de Jacques Roubaud, de Jacques Dupin, d’André du Bouchet, de Roger Laporte, un peu de Quignard, de Denis Roche, ou encore un Mors très court de Jacqueline Risset. Ces noms évoqués ici, de manière disparate et non-exhaustive, pour bien susciter la variété à l’œuvre dans Orange Export. Il faut aller y voir. Cela fourmille et, redisons-le, cela continue de chercher, obstinément, jusqu’à nous.