pour Stéphane T.
« Pour survivre, écrit Ossang, il faut que l’on s’évade dans un imaginaire qui n’a plus cours. » Constat insupportable. L’escapisme n’étant que marche à la mort. Pour survivre, il faut approfondir les ombres. Témoin, le cinéma de F.J. Ossang justement, véritable cinéma d’ombre et de survie, qui n’est pas une commode réorganisation du pessimisme (une de plus), mais action réelle sur l’imaginaire, travail argentique sur les ombres. Bien sûr que cet imaginaire continue d’agir, sans avoir cours vraiment. N’ayant pas renoncé d’exister, il peine à la communion. Pour qui au juste, ces ombres ? Pour qui cette survie ? Question d’autant plus embarrassante que l’image de F.J. Ossang est éminemment vitaliste.
Difficile de détacher Fin d’empire (Le Corridor Bleu, 2021) du reste de l’œuvre polymorphe de F.J. Ossang, de sa musique, de son cinéma surtout. Sans doute est-il vain de vouloir définir qui, de l’œuf cinéma ou de la poule poème, précède l’autre. C’est à envisager ensemble. Dharma Guns fait-il écho à Fin d’empire ? Ou bien ce livre est-il une sorte de peau morte tombée du cinéma ? Pelure, peau, pellicule ― ce sont les mêmes mots. La même matière retravaillée, dialectisée, mastiquée dans la machine punk onirique. Matière-rêve ou substance-mort indifféremment.